Je me suis toujours intéressée aux femmes artistes, à leur vision du monde et leurs difficultés pour se faire une place dans une société d’hommes. Et le XIXème siècle constitue un tournant dans l’histoire des femmes artistes. A cette époque, elles ont plus facilement accès à un enseignement artistique (mais l’Ecole des Beaux-Arts sera ouverte aux femmes en 1897 seulement !) et peuvent exposer au Salon à côté de leurs confrères masculins (même si elles ne sont pas considérées comme leurs égales). Leur nombre augmente très fortement à partir de la seconde moitié du XIXème siècle. Les filles de Riesener n’échappent pas à cette tendance. Sa fille aînée Rosalie, amie de Berthe Morisot, exposera au Salon dans les années 1860 ; sa cadette Louise sera représentée par Fantin-Latour dans la Leçon de dessin (Musées royaux des Beaux-Arts de Belgique, Bruxelles).
Je n’ai donc pas pu résister à l’achat d’un petit livre intitulé Lydia Cassatt lisant le journal du matin, écrit par Harriet Scott Chessman. Dans cet ouvrage plein de sensibilité et de pudeur, l’auteur se met dans la peau de Lydia, soeur aînée et modèle de Mary Cassatt (1844-1926). On y découvre les liens très forts, renforcés par la relation peintre-modèle, qui unissaient les deux soeurs et ont abouti à la réalisation de plusieurs chefs d’oeuvre de l’artiste américaine (voir www.lesamisdemarycassatt.fr).
Après avoir longtemps été reléguées au rang d’artistes secondaires, il semble que les femmes artistes connaissent actuellement leur heure de gloire dans la littérature, mais surtout dans les musées. Les femmes artistes à la mode ? Difficile d’imaginer une exposition dédiée à une femme de l’époque moderne il y a quelques années en France. Pourtant, aujourd’hui, on ne compte plus les expositions qui leur sont consacrées : Berthe Morisot, première femme impressionniste à Lille en 2002 (qui fut selon moi précurseur), et plus récemment Camille Claudel au Musée Rodin, Suzanne Valadon à la Pinacothèque de Paris, Marguerite Gérard au Musée Cognacq-Jay, bientôt Louyse Moillon à la galerie Eric Coatalem… Sans oublier l’exposition des artistes femmes dans les collections du Centre Pompidou elles@centrepompidou. On ne peut que se réjouir du fait que les musées français accordent enfin une vraie place aux femmes qui (comme les hommes) ont marqué l’histoire de l’art. Voilà déjà 20 ans que les Etats-Unis ont consacré un musée aux femmes artistes (National Museum of Women in the Arts) ! Mieux vaut tard que jamais…
Article initialement publié sur www.leon-riesener.fr