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Félix de Vuillefroy, un peintre animalier au Salon

27/11/2016

À l’initiative de l’association des amis de Félix de Vuillefroy, la galerie parisienne Tarantino, située dans le quartier de Notre-Dame-de-Lorette, accueille pour quelques jours seulement une exposition consacrée au peintre animalier Félix de Vuillefroy (1841-1916). Une trentaine d’oeuvres – peintures, dessins, eaux-fortes – issues de collections particulières, permettent de retracer la carrière de ce peintre étonnant.

Hormis Rosa Bonheur (1822-1899), rares sont les peintres animaliers du XIXème siècle dont le nom est parvenu jusqu’à notre époque. Longtemps considérée comme un genre secondaire, la peinture animalière connaît pourtant un renouveau en France à partir des années 1850, sous l’influence de la redécouverte des paysagistes flamands et hollandais, comme Paulus Potter (1625-1654). De nombreux artistes s’essaient à ce genre, comme Eugène Delacroix (1798-1863) ou Gustave Courbet (1819-1877), certains se spécialisent dans ce type de peinture de paysage. Exposant au Salon de 1867 à 1913, Félix de Vuillefroy (1841-1916) fait partie de ces peintres.

Portrait de Félix de Vuillefoy

Portrait de Félix de Vuillefoy

Félix Vuillefroy naît en 1841 dans le quartier parisien de la Madeleine. Par son père, maître des requêtes au Conseil d’Etat, il descend de la famille Cassini, dont il fera ajouter le nom célèbre à son patronyme en 1864. Orphelin de mère à deux ans, il est élevé par sa belle-mère, entouré de deux demi-soeurs, entre Paris et le château de Fillerval, demeure des Cassini à Thury-sous-Clermont. Après des études de droit, il entre au Conseil d’Etat en 1864, tout en suivant parallèlement des cours de dessin à l’académie Suisse, puis dans l’atelier d’Ernest Hébert (1817-1908), repris en 1867 par Léon Bonnat (1833-1922). A la même époque, il commence à fréquenter la colonie d’artistes de Fontainebleau, où sa recherche d’espèces nouvelles d’insectes le mène (il a rejoint la Société entomologique de France en 1861).

Son premier envoi au Salon, Côte de Grâce à Honfleur ; marine (N°1543), date de 1867. L’année suivante, il démissionne du Conseil d’Etat pour se consacrer à la peinture et à son activité d’entomologiste qui le mène dans le nord de l’Espagne où il réalise une série de peintures réalistes. A Chailly-en-Bière, où il a acheté une maison, il fréquente égulièrement la colonie d’artistes installée à Barbizon, dont Jean-François Millet (1814-1875) et Félix Ziem (1821-1911). Ce dernier le soutient et aurait aidé l’achat par l’Etat de son tableau Le matin dans le Bas-Bréau ; forêt de Fontainebleau au Salon de 1870 où Vuillefroy obtient une médaille.

Félix de Vuillefroy, Vaches normandes

Félix de Vuillefroy, Vaches normandes, Crayon graphite sur papier H. 31 cm – L. 19 cm, coll. particulière

Après avoir obtenu en 1875 une médaille de seconde classe le plaçant « hors-concours » au Salon, il s’investit dans l’organisation de ce grand événement artistique. L’année 1880 est celle de toutes les réussites pour Vuillefroy : Le retour du troupeau est acheté par l’Etat et déposé au musée du Luxembourg (actuellement au musée d’Orsay) et il est nommé chevalier de la Légion d’honneur. En 1881, il participe à la fondation de la Société des Artistes français, qui se voit confier par l’Etat l’organisation du Salon, ce qui fait de lui un personnage influent dans le domaine des arts. Cette position lui permet de conseiller des jeunes artistes d’origines diverses, ses élèves, comme Anna Klumpke (1856-1942), future compagne de Rosa Bonheur.

A partir de 1882, il installe son atelier au 3 rue Andrieux, à Paris et épouse en 1887 Amélie Gélot de Saint-Amey (1844-1901), divorcée du romancier Albert Delpit (1849-1893), admirée pour son charme et sa beauté. En 1888, la mairie de Paris lui commande l’exécution de l’un des seize panneaux des escaliers d’honneur du nouvel Hôtel de ville, Le Bas-Meudon, seul décor connu de l’artiste. A l’occasion de l’Exposition Universelle de Paris en 1889, il est récompensé par une médaille d’or. Jusqu’en 1899, il continue à exposer régulièrement au Salon, bénéficiant d’une renommée établie.

Félix de Vuillefroy-Cassini dans son atelier

Félix de Vuillefroy-Cassini dans son atelier

La dernière partie de sa vie, moins documentée, est marquée par la maladie et les difficultés financières. Son épouse meurt en 1901. Contraint de vendre le château familial et son atelier parisien, il vit à Maisons-Lafitte où il décède en 1916. Il avait une dernière fois exposé au Salon de la Société des Artistes français en 1913.

L’accrochage de la galerie Tarantino s’organise en grandes sections, illustrant les thématiques importantes de la vie et de la carrière de Vuillefroy : son milieu familial, le Salon, l’Espagne, la pratique de l’eau-forte. Certaines oeuvres, qui mettent à l’honneur des vaches, ne sont pas sans rappeler celles de son aîné Constant Troyon (1810-1864).

Un troupeau de vaches dans l’Oberland, Vuillefroy

Félix de Vuillefroy (1841-1916), Un troupeau de vaches dans l’Oberland, 1879, Eau-forte

Cette sélection rend compte d’un important travail de recherche et d’identification entrepris par Hugues de Vuillefroy lors de ses études à l’Ecole du Louvre. Dispersées après son décès, la plupart des oeuvres de Vuillefroy, notamment celles exposées au Salon, n’ont pas encore été localisées. Rarement signés, ses dessins, qui montrent une excellente maîtrise, ont pu être identifiés grâce à la collection de la galerie Paul Prouté. Les peintures exposées correspondent à une petite partie de la production de l’artiste : ces petits formats réalisés sur le motif sont souvent des esquisses destinées à des réalisations de plus grande importance. Les oeuvres présentées au Salon par Vuillefroy étaient en effet souvent de très grands formats, aujourd’hui conservés dans les réserves de grands musées. Cette absence, compréhensible, ne nous permet malheureusement pas de juger de tout le talent de Vuillefroy.

Cette exposition est néanmoins une étape importante pour l’Association des amis de Félix de Vuillefroy, créée en 2013, qui a pour but de faire connaitre la personnalité et l’œuvre du peintre, notamment en éditant annuellement un cahier d’études. Elle s’accompagne d’un catalogue qui présente en détail chacune des oeuvres présentée.

M.D.

Félix de Vuillefroy, un peintre animalier au Salon

Exposition à la galerie Tarantino
38, rue Saint-Georges
75009 Paris
Du vendredi 25 novembre au vendredi 2 décembre 2016

Association des amis de Félix de Vuillefroy

2 Commentaires

  • Vuillefroy de Silly
    27/11/2016 at 11:51

    Une exposition très intéressante, résultat une démarche de qualité

  • BOYER THIOLLIER Christine
    29/11/2016 at 12:29

    Exposition délicieuse, intime et sérieuse, qui sent la paille et le travail rigoureux du chercheur qui a su dénicher des œuvres dispersées aux quatre coins de la France et chez mon arrière-grand-père Félix Thiollier! Félicitations très sincères et amicales,
    CBT

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