Le Musée Gustave Moreau, comme évoqué dans un précédent article, est un de ces lieux que l’on découvre avec émerveillement. Passée l’entrée de cette maison bourgeoise du quartier de la Nouvelle-Athènes, le visiteur est en effet replongé dans une époque disparue, celle de la fin du XIXème siècle. Voulu et organisé de son vivant par le peintre Gustave Moreau (1826-1898) lui-même, ce lieu semble être véritablement resté « dans son jus », selon les dernières volontés de l’artiste symboliste : » […] garder toujours –ce serait mon vœu le plus cher– ou au moins aussi longtemps que possible, cette collection, en lui conservant son caractère d’ensemble qui permette toujours de constater la somme de travail et d’efforts de l’artiste pendant sa vie ».
C’est donc avec un peu d’appréhension et de curiosité que j’ai revisité le musée agrandi suite au réaménagement des espaces du rez-de-chaussée, fermés au public depuis 2002. Allais-je entrer dans un espace moderne, où les toiles seraient plus aérées, correspondant aux nouveaux goûts et exigences muséographiques ?
Il n’en fut rien. En effet, c’est à peine si on se rend compte que cet espace est nouveau, tellement l’esprit du lieu a bien été préservé. Des recherches et sondages ont été effectués afin de retrouver l’état originel des six pièces du rez-de-chaussée de la maison familiale. Même s’ils ont été augmentés, les espaces sont toujours exigus et je ne saurais trop vous recommander de visiter le musée en dehors des horaires d’affluence pour pouvoir pleinement en profiter. La visite commence donc aujourd’hui par ces pièces qui furent, entre le décès du peintre en 1898 et l’ouverture du musée en 1903, occupées par Henri Rupp, légataire universel de Gustave Moreau.
Elle abritent aujourd’hui plus de 400 peintures, des centaines de dessins dont des copies exécutées en Italie entre 1857 et 1859 et une collection unique d’aquarelles de Gustave Moreau. Difficile de tout voir et de comprendre le sens de ces oeuvres ici juxtaposées, malgré les fiches mises à disposition des visiteurs. La particularité de ces espaces est en effet de mélanger des oeuvres du début et de la fin de la carrière de Gustave Moreau. On se réjouit de la place donnée aux dessins et travaux préparatoires à des peintures que l’on retrouvera au deuxième étage du musée, comme Tyrtée. La salle C, autrefois salle à manger, est dédiée aux arts graphiques avec une sélection d’aquarelles illustrant les récits d’Homère. Afin de présenter autant d’oeuvres dans de si petits espaces, la nouveauté muséographique est d’avoir accrocher des peintures de petit format sur des panneaux pivotants que l’on feuillette comme un livre. Est-ce en raison de l’affluence d’un premier dimanche du mois ? Lors de notre visite, certaines salles étaient fermées d’un ruban, ce qui nous donnait certes une bonne impression de l’ensemble, mais ne nous permettait pas d’apprécier les oeuvres de Moreau dans le détail.
Notons également que cette réhabilitation du rez-de-chaussée s’accompagne d’une rénovation et d’un agrandissement des réserves du musée, ainsi que de la création d’un cabinet d’arts graphiques ouvert sur rendez-vous aux chercheurs. Ces changements permettront certainement d’améliorer la connaissance que nous avons de ce peintre à l’oeuvre unique et multiple, dont la maison-musée permet d’avoir un excellent aperçu.
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