Oeuvres à la une

L’impératrice Eugénie et ses dames d’honneur, symbole de la fête impériale

15/01/2017

Alors que se termine la belle exposition consacrée au Second Empire au musée d’Orsay, revenons sur l’oeuvre qui est certainement la plus représentative du faste de cette période. Conservé au palais de Compiègne, le chef d’oeuvre de Franz-Xaver Winterhalter (1805-1873), l’impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur, était une des pièces maîtresse de la rétrospective consacrée au portraitiste de la famille impériale (Winterhalter, Portraits de cour, entre faste et élégance, du 30 septembre 2016 au 15 janvier 2017).

Franz-Xaver WInterhalter, l'impératrice Eugénie entourée de ses dames d'honneur,

Franz-Xaver WInterhalter, L’impératrice Eugénie entourée de ses dames d’honneur, 1855, musées nationaux du Palais de Compiègne

Commandée par l’impératrice Eugénie pour être présentée à l’Exposition universelle de Paris en 1855, la peinture représente la jeune impératrice (elle fut couronnée en 1853) entourée de huit dames de sa Maison, toutes revêtues de leur plus belle tenue, assises dans une clairière ombragée de grands arbres. Légèrement excentrée dans la composition, mais dominant ses compagnes, l’impératrice est couronnée de rameaux de chèvrefeuille, dont elle tient également quelques branches dans la main. A ses côtés, sont représentées les deux dames les plus importantes de sa suite, la princesse d’Essling, grande maîtresse de la Maison de l’impératrice et la duchesse de Bassano, sa dame d’honneur, ainsi que six des treize dames du palais : la baronne de Pierres, la comtesse de Lezay-Marnésia, la comtesse de Montebello, la baronne de Malaret, la marquise de Las Marismas et la marquise de Latour-Maubourg, toutes choisies dans la haute société. Suite à la démission d’une des dames du palais quatre mois seulement avant l’exposition, Winterhalter du revoir la composition générale du tableau en un temps record étant données les dimensions du tableau (295 x 420 cm). Une aquarelle et une esquisse permettent de mieux comprendre le travail de l’artiste qui avait choisi à l’origine une autre attitude pour Eugénie.

Winterhalter, Eugénie et dames d'honneur, esquisse

Franz-Xaver Winterhlater, Esquisse du tableau, collection du prince Fürstenberg, Donaueschingen.

La composition rappelle celle du premier grand succès du peintre, le Décaméron, où un grand nombre de personnages était mis en scène devant un paysage de pure imagination. La qualité d’exécution de l’arrière-plan contraste d’ailleurs avec celle des toilettes des protagonistes de la scène, dont les crinolines aux couleurs vives et les volants de dentelle rendent hommage aux savoir-faire et à l’élégance française. Mieux qu’une publicité de mode, la peinture maintes fois représentée et diffusée au-delà des frontières participa à lancer la mode des crinolines en même temps qu’elle développa la popularité du couple impérial ! C’est le reproche qu’on fit d’ailleurs à Winterhalter lors de la présentation du tableau : trop d’importance accordée aux détails et pas assez de profondeur psychologique dans la représentation de ses personnages. Evoquant les fêtes galantes du XVIIIème siècle, son travail est qualifié de « parodie de Watteau ».

Franz-Xaver Winterhalter, Le Decameron

Franz-Xaver Winterhalter, Le Decameron, 1837, Musée Liechtenstein

Cette critique n’entama en rien le succès de Winterhalter, bien au contraire ! Celui qui fut d’abord le portraitiste de Louis-Philippe puis de la reine Victoria, obtint par la suite de nombreuses commandes de toute l’aristocratie européenne qui appréciait sa façon d’idéaliser ses modèles. Eugénie, dont il fit en tout huit portraits, fut son principal commanditaire avec la reine Victoria et le récompensa de la Légion d’Honneur en 1857. Propriété personnelle d’Eugénie, le portrait lui est restitué en 1881 à l’occasion de la liquidation de la liste civile. Après la mort de l’ancienne impératrice, il est vendu en 1927 à la baronne d’Alexandre d’Orengiani qui l’offre au château de la Malmaison, ou il est conservé quelque temps avant d’être mis en dépôt aux musées nationaux du Palais de Compiègne où vous pourrez toujours l’admirer.

M.D.

Sources :
Catalogue d’exposition, sous la direction d’Emmanuel Starcky et Laure Chabanne, Franz-Xaver Winterhalter (1805-1873). Portraits de cour, entre faste et élégance, Réunion des musées nationaux, 2016
Catalogue d’exposition, sous la direction de Guy Cogeval, Yves Badetz, Paul Perrin et Marie-Paule Vial, Spectaculaire Second Empire, coédition Musée d’Orsay / Skira, 2016

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