Artistes

« Je sais un regard qui m’a toujours ébloui »

14/02/2010

Portrait de Laure Riesener par Léon Riesener

Saint-Valentin oblige, cet article est consacré au grand amour de Léon Riesener, sa femme, Laure. Laure Peytouraud n’a que 17 ans lorsqu’elle épouse le peintre en 1839 (il en a 31). Issue de la bourgeoisie parisienne, apparemment fille de commissaire-priseur (cela reste encore à vérifier aux Archives), elle est comme Léon originaire du quartier du Louvre. Riesener semble fasciné par cette jeune femme aux cheveux de jais et au regard profond. Au milieu de considérations d’artiste sur la beauté des Néerlandaises aux yeux bleus, je suis récemment tombée sur une phrase de Léon Riesener que j’ai trouvée très touchante : «Je sais un regard qui m’a toujours ébloui et qui ne le cède en beauté à aucun autre.»

Léon Riesener a réalisé le portrait de sa femme à plusieurs reprises, à différents âges de sa vie (le plus célèbre est le pastel mis ici en vignette). Chacun de ces portraits est d’une infinie délicatesse – on sent que notre peintre a cherché à tendre vers la perfection et à faire partager «l’éblouissement» que lui procurait le regard noir – bienveillant bien qu’un peu sévère – de Laure. Un portrait à l’huile exposé au Salon de 1850-1851 fait l’objet d’une belle critique par Théophile Gautier (bel hommage dont Laure Riesener remerciera chaleureusement son auteur).

«L’on sait quelle chaleur de coloris et quelle violence de brosse ont signalé M. Riesener parmi les plus impétueux (…) Sa couleur s’est tournée en dessin, sa furie en patience, son dévergondage en naïveté. Un gothique n’aurait pas respecté plus scrupuleusement sa couleur, fait avec plus de soin ces groseilles et ces feuilles découpées de la coiffure, étudié plus poil à poil et ce collet d’hermine, donné à tous ces détails une réalité plus candide.»

Laure Riesener n’était pas peintre, mais avait un goût sûr en peinture, une excellente culture générale et un vrai sens pratique. Elle fut pendant près de 40 ans la plus fidèle conseillère et confidente de son mari – en témoignent les nombreuses lettres écrites par Léon lors de ses voyages en Hollande et en Italie dont j’espère pouvoir vous faire partager le contenu d’ici peu de temps.

M.D.

Article initialement publié sur www.leon-riesener.fr

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